Les romains fondent des villes, comme Lillebonne, mais, à la campagne, les structures agraires mises en place par les Gaulois demeurent quasiment inchangées. Les belles villas romaines en pierre, correspondant à de grands domaines agricoles, remplacent les fermes indigènes, de bois et de torchis, mais en conservant le même type d’habitat dispersé. Ces exploitations sont nombreuses dans le Pays de Caux. La découverte d’un fragment de meule à grain de cette époque, constitue un indice d’une telle implantation à Drumare.
Autour des points d’eau, comme à toutes les époques, on retrouve fréquemment des occupations, les sources pouvant de plus être à l’origine des cultes, parfois dès l’époque gauloise. Il n’est donc pas étonnant que des « vases en terre, des fioles en verre, des cendres et des charbons provenant d’anciennes sépultures » soient mis au jour vers 1832 aux Fontaines. Ces vestiges correspondent à l’existence d’une nécropole gallo-romaine, à une époque où les morts sont incinérés, leurs cendres déposées dans une urne, aux côtés d’autres récipients servant d’offrandes. Une statuette en bronze de 15 cm de haut, constitue un élément remarquable, même si le lieu de sa découverte, « de Tancarville ou des environs » reste imprécis. Il s’agit de l’effigie du Dieu Hercule – Mercure. Elle a été déposée au Musée des Antiquités de Rouen.
Enfin, il ne faut surtout pas oublier la proximité de Lillebonne, la capitale régionale, Juliobona, dernier port sur la Sequana et qui constituait un relais entre le continent et la Grande-Bretagne et où de multiples vestiges tant mobiliers qu’architecturaux ont été mis au jour.
Tancarville a connu plusieurs phases anciennes d’occupations, aussi bien par les chasseurs du Paléolithique, que par les paysans du Néolithique, les hommes de l’Age du Bronze, les gaulois et les Gallo-Romains. En cela, la commune donne un bon exemple de ce qu’a été le peuplement de tout le Pays de Caux, mais ici, en plus, la bonne conservation des niveaux de la vallée de la Seine apporte des renseignements absolument uniques régionalement parlant, permettant de mieux comprendre l’évolution des climats et des paysages du temps passé.
Propos recueillis du livre « Tancarville, un château, un canal, un pont, toute une histoire… »